Sur les 9 781 000 habitant que
compte la Tunisie 4 620 371 vont être selon les dires du ministre de
l’intérieur appelé à voter le 24 octobre 2004. Ce chiffre représente une
augmentation de l’aveu même du ministre de plus de 1300 000 nouveaux inscrits
sur les listes électorales. Un million trois cents milles sur les
3 300 000 qu’on a fait participer à la précédente consultation cela
fait presque le tiers du corps électoral qui à été écarté de participer en 1999
par l’administration. Cet effort qui a permis tout ce nombre n’est pourtant pas
suffisant et ne permet pas encore à tout citoyen d’être appelé à pied d’égalité
à voter. La Tunisie compte objectivement si on prend en consécration
l’augmentation de la population et la pyramide des ages de la population plus
de six millions d’électeurs. Ainsi 1 300 000 autres électeurs
manquent toujours à l’appel pour cette consultation.
Ainsi avec 2 600 000 électeurs
écartés on à une idée sur la proportion de la manipulation des listes électorales
pratiqué. Une pratique qui va jusqu'à priver plus de 40% de la population de
son droit de voter.
Pour comprendre cette état de fait on a
besoin de toucher la réalité quotidienne pour s’apercevoir de toutes ces
pratiques qui ont aboutit à consacrer cette conception clientéliste de la
citoyenneté. Comment un parti dans un pays de moins de 10 millions d’habitants
ou plutôt de 3,3 million d’électeurs peut prétendre rassembler à lui seul 1700
000 adhérents.
Personnellement à 32 ans depuis que j’ai eu mes 20 ans et c’est la première
fois que je reçois ma carte d’électeur, personnellement je ne
l’ai jamais cherché je pensais que de la même façon qu’il se sont aperçu que je
doit être rappeler pour le service national, ils devaient aussi s’apercevoir
que j’ai atteint l’age de voter. Mais je constate malheureusement que a même
chose se reproduit avec mes enfants. Il n’y a plus qu’eux maintenant tous mes
proches sont écartés et l’exclusion ne touche pas seulement ceux qui n’ont
jamais été inscrit mais aussi ceux qui l’ont toujours été. Ma carte a coûté à
des dizaines d’être évincés, ce n’est pas par oubli si tout ce monde qui
m’entoure se trouve subitement écarté. Dernièrement à un jeune diplômé qui m’a
abordé sur la question du boycottage de ces élections je le surprend en lui
répliquant « et toi qu’elle est ta position concrètement » il n’a pu
éviter de m’avouer que c’est son père qui vote à sa place à chaque fois pour
lui éviter d’être considéré comme opposant. L’autre fois en voulant taquiner un
ami avocat loin de toute contestation s’il avait eu sa carte pour ces élections
il m’a répondu qu’il ne l’a jamais eu en main propre mais qu’on votait pour lui
dans le pays à chaque élection.
Des histoires de ce genre qui attestent de
la perte de tout intérêt pour cette tragicomédie peuvent être recueillies chez
chaque famille et de la bouche de tout individu attestant de la perte de
substance de l’acte et sa transformation en un rituel qu’on accompli malgré soi
pour éviter d’être remarqué et de subir les retombés.
* * *
S’il ne m’est jamais arrivé de voter j’ai pu
occuper à certain moment de ma carrière la fonction de président de comité de
révision des listes électorales qui a à se prononcer sur les requêtes de ceux
qui veulent inscrire leurs noms. Personnellement je n’ai jamais eu d’attrait
pour ce genre de fonctions c’est plus par courtoisie devant la sollicitude du
gouverneur et du secrétaire général du gouvernorat que je l’ai accepté. J’été
plutôt de ceux qui considéraient que ces genres d’activités n’ont aucune crédibilité
pour des gens sérieux impliqués dans leurs métiers. A la première et unique
réunion que j’ai tenu encouragé par l’agréable surprise de trouver qu’il y
avait en Tunisie une dizaine de personne réellement déterminés à défendre leur
droit de voter. J’avais minutieusement étudié leurs dossiers et révisé les
dispositions de la loi qui les consternait et tout m’a paru dans l’ordre pour
que leurs requêtes soient acceptées. La commission procède à leur audition
avant de délibérer à huit clos sur la décision, à ma stupéfaction tous les
autres membres étés du même avis qu’il n’y a pas lieu d’accepter aucun dossier
pour des raisons qu’on murmuraient et dont il n’y a aucune trace concrète. Je
quitte la réunion prétextant d’être tenu par d’autres obligations sans jamais
comprendre qu’est-ce qu’ils auraient pu changer même s’ils étés tous
d’irréductibles opposants. Après je n’ai fait que signer les dossiers qu’on
m’apportait dans mon bureau et je n’ai vu aucun recours accepté.
Cette histoire date de plus de dix ans et ne
m’a laissé aucun doute sur la volonté délibérée d’avorter tout expression d’un
engagement citoyen.
Ali est le trésorier de la cellule (RCD) de
son village. Sont père été président de la même cellule, son frère est l’actuel
président lui il s’est trouvé ainsi dans la formation. Sérieux travailleur il
n’a ni le temps ni d’intérêt pour ce genre de préoccupations. Au cours de la
dernière consultation ce n’est que vers 16 heures qu’il s’est rendu pour
s’acquitter de cette obligation. Peine perdue il a trouvé qu’on a voté pour
lui, il croyaient qu’il été absent ils ont voté pour toute la famille dont
personne n’avait quitté la maison. C’été une banalité dont il les a
courtoisement remercié par correction, ils étaient plutôt préoccupés du vote
d’un certain individu dont ils ne se sont assurés avant qu’il n’introduit son
enveloppe pour qui il a voté. Alors en commun accord ils ont décidé d’ouvrir la
boite de vote pour s’assurer avant de la transférer au dépouillement et ils ont
découvert effectivement un enveloppe qui ne contenais pas le bulletin du
« oui » sacré pour que leur bureau affiche 100%.
Mohammed n’avait aucun rapport avec la
politique ou l’RCD mais il s’acquitte scrupuleusement de son devoir de citoyen.
Dans son secret il a voulu pour une fois de sa vie voter autrement. Le jour de
la dernière législative après qu’il s’est assuré de ne donner aucun signe qui
peut laisser douter qu’il a changé d’avis il prend toutes les précautions qu’il
imaginait pour accomplir un vote secret sans attirer d’attention. Le lendemain
quand il a rencontré le responsable de la cellule au café les premiers mot
qu’il à eu « pourquoi tu as voté pour ceux là » il me racontait ça on
répétant avec conviction qu’ils ne pouvaient le savoir s’ils n’avaient pas des
caméras dans les isoloir ou on votait.
Ces exemples n’ont étés rapportés que pour
introduire la partie sur les conditions dans lesquelles les élections
s’accomplissent en Tunisie.
* * *
Avec 3 300 000 votants au cours de
la dernière consultation répartis entre plus de 15 000 bureaux de vote on
aura juste 220 électeurs à s’en occuper par bureau. C’est à dire une moyenne de
18 votant par heure ce qui fera un débit lent, très lent d’affluence.
En 2002 Ali Chaouch le secrétaire général de
l’RCD affirmait qu’il avait 1 700 000 adhérents à son partis sur ces
3,3 millions d’électeurs il ne restait à contrôler dans tous le pays que le
vote de 1 600 000 électeurs triés parmi les moins incertain sur les
six millions d’électeur potentiel que compte le pays. Le chiffre répartis sur
les bureaux de vote nous fait juste 100 électeurs sur 12 heures de scrutin sans
compter les abstentions et ceux pour qui vont voter leur parent et ceux qui
enregistré pour qui on va voter sans jamais savoir s’ils ont jamais existé etc…
La mascarade est grossière si l’ont ajoute
le manque de neutralité de ceux qui ont la responsabilité d’assurer le
déroulement de l’opération exclusivement triés parmi les plus dévoué au parti
et sans oublier ces parasites qui vont rester planté là toute la journée pour tout
contrôler et donner par portable leurs rapports instantanés.
Dans les faits l’opération se déroulait sous
haute surveillance et dans des conditions d’extrême intimidation. Il faut
prendre son courage à deux bras pour oser tendre le bras et se saisir d’une
liste d’opposition, en général si on est venu voter c’est pour prouver le
contraire et donner l’assurance qu’on a voté pour les élus du pouvoir
omniprésent. D’habitude il y a cette bousculade du début ou les notabilités et
l’apparatchik du parti viennent voter les premiers pour consacrer le reste de
la journée à surveiller où à aller faire décider les récalcitrants pour les
amener de leurs maisons accomplir l’acte d’abdication.
J’avais dernièrement observé l’unique
élection démocratique qui se déroule encore dans notre pays à l’occasion de
l’élection du nouveau bâtonnier et des membres de l’ordre des avocats. Un seul
bureau de vote pour plus de 2000 avocats a nécessité moins de 4 heures pour que
l’opération soit terminée dans des circonstances ou aucun votant ne se trouve
dans des conditions d’intimidation et ne rencontre aucune entrave à
l’expression de sa libre volonté.
S’il y avait une réelle volonté de procéder
dans la clarté tout le pays n’aura pas été partagé à plus de 750 bureaux de
vote, mille au maximum si on voulait que l’opération se déroule
confortablement.
Pour le 24 octobre le nombre des bureaux
vient d’être réduit à 13 milles (12903) et celui des électeur augmenté à 4,6
millions dont 2,5 RCD le compte nous donnera 450 électeur par bureau ce qui
revient à 165 au lieu de 100 à surveiller étroitement. En réalité rien n’a
changé a part l’appareil qui s’est trouvé mieux rodée et capable de
performances plus étendus et qui continue de nourrir ses illusions de continuer
à réussir à nous tromper.
* * *
Nous demeurons
pris au piége de notre
incapacité de prendre raison et de dire pour une fois assez à cette mascarade
qui n’a que trop durée et dont l’enjeu n’est autre que notre destin. Je suis
convaincu que ce qui se fera le 24 octobre n’est qu’une honte de plus pour
notre pays.
Yahyaoui Mokhtar
Tunis le : 10 - 10 - 2004
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